Vous avez dit premières dames d'Afrique? (Suite)

Dans le monde des premières dames d'Afrique ou d'ailleurs, il existe une sorte de ligne de conduite à laquelle les précieuses épouses des dirigeants semblent toutes se soumettre. Sinon comment expliquer leur fort intérêt pour la sphère politique même quand elle va largement au-delà de leur compétence. Pourquoi veulent elles mettre un pied, si ce n'est, leur nez dans tous les dossiers de l'état? Pourquoi s'attellent-elles toujours à afficher une image d'âmes charitables parfaites sous tous rapports un peu comme des aspirantes naïves à un concours de beauté persuadées qu'elles peuvent sauver le monde d'un simple sourire?
Si certaines s'investissent de manière sincère dans des causes qui leur tiennent à coeur ou bénéficient de qualités professionnelles leur permettant d'intervenir politiquement, beaucoup sont aussi redoutables que redoutées tout en manquant de qualification. Un petit tour d'horizon de ces dames de coeur ou de pique.

La très digne Pauline Lumumba.
Dans le genre 'femme courage', Pauline Lumumba pourrait figurer en première ligne. Certes, elle ne fut pas première dame, son époux feu Patrice Lumumba ayant été le tout premier Premier ministre du Congo Indépendant et non pas président. Mais elle en avait la stature tout comme Lumumba aurait sûrement fait un chef d'état exemplaire. Le cours de l'histoire en a voulu autrement.Pauline Opango, femme discrète et humble, aura soutenu son héros de mari jusqu'au dernier jour...jour où elle l'a vu pour la dernière fois. C'était pendant la traversée de la rivière Sankuru qui devait leur permettre d'échapper à d'éventuelles attaques.                                                                             "Alors que nous nous trouvions en résidence surveillée à Léopoldville -actuel Kinshasa-, j'ai accouché prématurément à cause des émotions que j'avais vécues et ma petite fille, Marie-Christine, a eu la jaunisse. Nous avons été envoyées en Suisse mais elle est morte après huit jours. Je suis revenue avec le corps, mais Kasa-Vubu- le président congolais d'alors- a refusé qu'on l'enterre à Léopoldville. Le corps de la petite est parti seul au Kasaï avec les militaires." témoigne t- elle dans Le Soir en Ligne. "Cette histoire avait profondément bouleversé mon mari. Il a décidé d'écouter ses partisans qui le pressaient, pour sa sécurité, de les rejoindre à Stanleyville (Kisangani) où se trouvaient des militaires qui lui étaient fidèles. C'est Mungul Diaka qui devait nous conduire jusqu'à la rivière Sankuru. Je crois qu'en cours de route il nous a trahis : nous n'avons pas pris la route la plus directe. Patrice a été trop longtemps retenu pour un meeting improvisé, il a dû prononcer un discours et pendant ce temps, le « monpé » (missionnaire) du village de Bandundu a, par radio, indiqué notre présence à Mobutu...Le Premier ministre a embarqué dans la première pirogue, avec des militaires, mais le bac ne pouvait nous contenir tous. J'ai attendu que la pirogue revienne nous chercher, mon fils Roland, le chauffeur et moi. Lorsque nous avons abordé, les militaires étaient là, et ils nous ont arrêtés. Même dans le bateau, il y avait déjà des traîtres. Après, je n'ai plus revu mon mari". 
Suite à quoi, madame Lumumba fut exilée en Egypte où le président Nasser la prit en charge avec ses trois enfants jusqu'à la mort de celui-ci: "je peux retourner au Caire quand je veux, mon logement est assuré, mes frais médicaux aussi. En Belgique, ce n'est pas comme ça, pour tout, je dois payer.                                                                                                                            Elle ne cesse à ce jour de s'interroger sur la volonté de l'état belge de l'époque et du roi Baudouin de souhaiter la mort de son mari. Mari qu'elle le décrit non pas comme un communiste tels que certains l'imaginaient mais comme un socialiste voire même un nationaliste qui "voulait que le peuple vive mieux, que tout le monde puisse étudier." Aujourd'hui Pauline Lumumba aimerait obtenir plus de considération de la part du royaume de Belgique et surtout l'occasion de rétablir la vérité sur la mort de son mari.
Quand elle évoque Mobutu, c'est avec amertume: "Nous le connaissions tellement bien. Joseph avait rencontré Patrice alors qu'il suivait des cours de journalisme à Bruxelles, payés par notre parti. Dans notre maison, Joseph Mobutu était comme chez lui. Il entrait, sortait, ouvrait l'armoire et se servait lui-même un whisky. « Laisse-le faire », disait Patrice, « c'est mon ami ». Parfois mon mari lui disait :"Je sais que tu cherches l'argent pour aider ta famille, mais il ne faut pas trahir". Je me demande si mon mari n'était pas un peu naïf, il faisait tellement vite confiance. C'était un homme bon." Ce même Mobutu décida en 1967 de réhabiliter la mémoire de Lumumba en le proclamant héros national après l'avoir trahi. Il réinvita ensuite Pauline Lumumba a retrouver sa terre et sa maison familiale alors qu'elle se trouvait encore en Egypte. A son retour, la veuve de Lumumba ne toucha jamais de pensions si ce n'est de temps à autre des sommes d'argent ou des espions envoyés à sa porte par le légendaire Mobutu.

Légendaire, non pas seulement pour son parcours rocambolesque de président mais surtout parce que Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga dit le léopard de Kinshasa, Papa maréchal ou encore Roi du Zaïre, faisait tout à la mesure de son personnage. C'est ainsi que celui qui  menaçait que jamais de son vivant, on ne le décréterait ex-président du Congo avaient comme épouse deux courtisanes et pas n'importe lesquelles puis qu'il s'agissait de deux femmes d'une même famille...et...jumelles! Emmanuel Dungia, auteur, raconte cette croustillante partie de la vie du Papa maréchal dans le livre 'Mobutu et l'argent du Zaïre'.
Mobutu Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga et Marie Antoinette
Mobutu épouse, après la mort de son épouse Marie Antoinette, son ancienne maîtresse dénommée Bobi Ladawa "à la sortie de l'adolescence". Il réussit ensuite à convaincre sa soeur-jumelle, Kossia, alors mariée et avec le consentement du mari de celle-ci - mari et accessoirement oncle de Mobutu (turpitudes africaines)- de rejoindre leur lit conjugal pour un ménage à trois. Pour ce faire, il évoque des raisons maraboutiques: fortifier son pouvoir et éviter que l'esprit de Marie-Antoinette, sa défunte épouse, ne les hante...L'oncle et mari de la soeur-jumelle s'éteint suite aux conséquences traumatiques de ces histoires à dormir debout. Ce qui permet à Mobutu de passer à l'étape suivante et de convoler avec son amante. Cette initiative ne fut pas pour plaire à la jumelle première dame dont la tolérance n'allait pas jusqu'à l'officialisation de ce qui devait resté une mascarade.
Le maréchal et Bobi Ladawa, l'une des deux soeurs jumelles
qu'il a épousé.
De soeurs, les deux premières dames passèrent à rivales.
Emmanuel Dungia explique que leurs dépenses financières annuelles équivalaient celui de trois ministères sans parler de leur passion pour les diamants (Chapitre les jumelles du maréchal).
Et puis même dans un pays riche par son sol et pauvre par ceux qui habitent ce même sol, quand on aime on ne compte pas! Un petit million de francs anciens journalier c'était plus que raisonnable, dans le monde enchanté du maréchal et de ses jumelles. "Sur le plan des avantages matériels, les deux soeurs sont traitées strictement de la même manière. Avion à disposition, villas à l'étranger, plusieurs gardes du corps pour les enfants à Bruxelles, personnel domestique à profusion. Bref, tout est dédoublé. Les deux gardes du corps s'accordent pour dire que le Guide a un faible pour la non-officielle qui arrache plus facilement les nominations et autres avantages pour ses protégés." Extrait de 'Mobutu et l'argent du Zaire' de E.Dungia.

Le couple Mugabe où la joie de vivre
Toujours dans la famille croqueuse de diamants Grace Mugabe détonne. La première dame du Zimbabwe, épouse du chef d'état qui déclara amer après des années d'apartheid que "Le seul homme blanc que vous pouvez croire est l’homme blanc mort" n'aime pas qu'on la titille sur sa relation avec les pierres précieuses. Elle n'a pas hésité en 2010 à poursuivre l'un des rares hebdomadaires indépendants du Zimbabwe pour avoir cité des informations révélées par wikileaks la mettant lourdement en cause dans une affaire de trafic de diamants sales. Elle et ses complices auraient bénéficié de plusieurs centaines de millions de dollars par mois suite à des tractations illégales selon le journal.

 Mais en plus d'être accusée d'être une croqueuse illicite de diamants, il semblerait aussi qu'elle soit une croqueuse d'hommes dixit plusieurs sites d'informations africains. En fin 2010, les médias du continent révèlent qu'elle aurait eu pour amant le président de la banque centrale Gideon Gono, aussi soupçonné d'avoir participé à son enrichissement en imprimant généreusement des billets de banque pour sa dulcinée. C'est la soeur du président Mugabe qui sur son lit de mort se chargea de révéler à son frère ce secret pour le moins honteux. Le garde du corps également au fait de cette affaire fut retrouvé mort dans des conditions mystérieuses quelques jours après avoir confié qu'il était au courant de cette idylle. Ce qui révolta fortement les forces de sécurité de Mugabe et créa un désordre dans le palais présidentiel.
 Ce n'est pas la seule frasque de l'épouse du chef de l'Etat qui un an avant cette affaire avait reçu une plainte déposée à la cour suprême de la part d'un juge zimbabwéen. En effet, Justice Ben Hlatshwayo lui reprochait de lui avoir extorqué un terrain que lui-même avait arraché à un fermier blanc. Grace Mugabe souhaitait l'offrir à son fils, issu de son premier mariage, en guise de cadeau d'anniversaire. Selon The Guardian en mars 2009, le juge en question est un vétéran de la guerre de libération, promu magistrat à la cour suprême par Robert Mugabe. Pour régler cette affaire, elle lui proposa un autre terrain d'après africhos.ch. 
Grace Mugabe, dite Disgrace, the First shopper ou Gucci Grace.
(Zimbabwe)
Depuis son mariage en grandes pompes en 1996 avec Robert Mugabe qui comptait 12.000 invités, Grace Mugabe s`est fait construire le très controversé Graceland, une immense propriété qui aurait été revendue au Guide libyen Mouammar Kadhafi. Elle s`est également fait bâtir un autre palais dont la construction aurait coûté près de 18 millions d`euros. Ses villas en Asie, elles les collectionneraient, depuis que son mari et elle sont interdits de séjour en Europe et aux Etats-Unis. Selon le Sunday Times, elle viendrait d`acquérir une villa de deux étages dans la banlieue chic de Hong Kong pour la modique somme de trois millions d`euros. Gucci Grace ou the First shopper, comme on la surnomme dans son pays, est également célèbre pour être une as du shopping haute couture et collectionneuse de chaussures de luxe. Mais tout ceci, la fist lady n'aime pas qu'on le révèle. C'est ainsi qu'elle n'a pas hésité à donner des coups violents au photographe Richard Jones du journal Sunday Times à Hong Kong alors qu'il suivait de près ses activités selon rfi en 2009.
 Grace Mugabe dite également 'Dis Grace' fut d'abord la maitresse du président avant de l'épouser et d'enchainer les scandales qui contribuent à anéantir davantage l'image du couple présidentiel au Zimbabwe.

L'ex première dame du rwanda, A.Habyarimana
 accusée d'avoir
du sang sur les mains.
Et si certaines sont fustigées pour leurs écarts de conduite, d'autres sont soupconnées d'aller toujours plus loin dans le machiavélisme. Au point que la seule évocation de leur nom soit synonyme de massacre sanguinaire.
Ainsi Agathe Habyarimanala veuve du président rwandais Juvenal Habyarimana mort en 1994 dans un crash aérien, est parmi les premières accusées d'avoir planifié le malheureusement célèbre génocide du rwanda en guise de représailles. Rappellons qu'il a fait plus de 800 000 morts.
 L'union africaine et la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme ont de ce fait évoqué  le rôle d’Agathe Habyarimana "dans l’animation des milices Interahamwe et de la radio des Mille collines". Elle aurait été un membre actif et influent du mouvement Akazu (petite case) qui a contribué au génocide des Tutsi et des Hutu modérés. Ce mouvement rassemblait l’entourage proche du Président Habyarimana, des gens issus de sa région (nord-ouest du Rwanda) et des membres de sa famille selon afrik.com. Elle aurait financé notamment la milice du Mouvement National pour la Reconstruction et le Développement, et les escadrons de la mort appelé « Réseau Zéro » ou « Zero tutsis ».
Exilée en France depuis la mort de son mari et avant le début du génocide, elle fut arrétée et entendue par la justice française en 2010. Elle fait également l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par le Rwanda en 2009 pour crimes contre l'humanité. Son extradition est examinée par la justice française.

En parlant de justice, la Première Dame du Kenya donne énormément de fil à retordre aux juges de son pays. Lucy Kibaki , qui pourrait figurer dans la catégorie boxeuse à l'image de Madame Mugabe du Zimbabwe, est un poids lourd de la haute société qui terrasse quiconque se met sur son chemin.
Qu'est ce qu'il y a toi la-bas, tu veux ma photo?
Lucy Kibaki, une boxeuse née (Kenya)
Celle que la presse de son pays décrit comme une mégère a le don de semer la zizanie jusqu'à gêner son mari dans sa fonction de chef d'état. Elle s'est illustrée en 2005 en s'en prenant à la presse et en frappant violement un cameraman. Reporters sans frontières lui demanda de présenter des excuses car "effaré par les abus de pouvoir perpétrés" par Mme Kibaki qui, "par susceptibilité", s’en est prise à des journalistes à Nairobi. "De tels actes ne sont que des règlements de comptes personnels. C’est pourquoi nous demandons expressément" à Mme Kibaki "de présenter ses excuses au cameraman qu’elle a frappé". Plusieurs journaux kényans, dont le Nation et le Standard, avaient déclenché la rage de la première dame en relatant ses tentatives de faire cesser, pour tapage nocturne, la fête d’adieu du directeur de la Banque mondiale au Kenya selon interet-general.info. Une nuit de début mai 2005, Mme Kibaki, débarqua dans les bureaux du principal groupe de presse du pays, le Nation Media Group, accompagnée de gardes du corps afin de contester une couverture sur qu’elle jugeait "injuste". "Proférant des injures, la première dame du pays a fait confisquer les caméras, les carnets de notes et les téléphones mobiles de tous les journalistes de The Nation, jurant qu’elle ne quitterait pas les locaux tant que les auteurs des articles incriminés ne seraient pas arrêtés", précise Reporters sans frontières. "Clifford Derrick, cameraman de la télévision KTN (Kenya Television Network), filmait la scène. Alors, Lucy Kibaki s’est jetée sur lui, le giflant violemment en essayant vainement de lui arracher sa caméra".

 Elle récidive en 2008 en s'attaquant physiquement  à un député. Celui-ci, un dénommé Gitobu Imanyara, a affirmé avoir été agressé et blessé par la Première dame du Kenya alors qu'il était invité au palais présidentiel pour une réunion en compagnie du président Mwai Kibaki. 

You talking to me? Lucy Kibaki.
Le député en question également journaliste et avocat réputé au Kenya déclare avoir provoqué les foudres de la first lady car il représentait ce jour-là ce même cameraman, Clifford Derrick, agressé en 2005 par...la première dame. "La réunion venait juste de commencer quand quelqu’un m’a demandé de partir (de la réunion). Au début j’ai refusé me disant que celui qui me le demandait était en train de manquer de respect au président.

Quand je suis sorti, la Première dame m’a attaqué à coup de gifles et de coups de pieds, m’accusant d’être un traitre. Elle m’a rendu d’autant plus furieux qu’elle n’était pas habillée décemment", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.
Cette conférence mettait aussi fin aux rumeurs selon lesquelles  le député avait été battu par les gardes présidentiels après qu’il a riposté avec des coups de poings et envoyé Mme Kibaki au sol selon l'internationalmagazine.com. Il réfute avoir réagi à cette attaque et soutient avoir quitté les lieux très vite en voiture."Elle m’a dit que personne ne venait au palais présidentiel sans sa permission".
 Et parce que la première dame s'en vantait, il a envisagé de l'attaquer en justice et ce malgré les excuses personnelles du président.
La boxeuse n'épargne pas non plus les membres de sa famille. Qui aime bien, châtie bien. Sauf que quand cette première dame chatie, c'est avec une arme à feu. C'est ainsi que le fils du couple présidentiel en a fait les frais. En début 2008, Jimmi Kibaki aurait tenté de persuader son père de reconnaitre la victoire du leader de l'opposition Raila Odinga selon plusieurs sites et blogs d'informations africains. En apprenant cela, elle aurait, pour punir le malotru, pris un pistolet et tiré une balle dans sa cuisse. Cette allegation ne fut ni confirmée ni démentie par le palais.

En 2009 c'est le ministre de la Sécurité intérieure, George Saitoti,qui a droit aux critiques assassines de Madame Kibaki suite aux deux incendies qui ont fait plus de 160 morts à Nairobi. Elle l'accuse"de dormir à son poste". 
Et soutient que les nombreuses catastrophes qui ont frappé le pays sous les yeux du ministre de la Sécurité intérieure, auraient pu être évitées s'il était à la hauteur de sa tâche. "Je veux que le ministre de la Sécurité intérieure fasse une déclaration écrite d'ici demain sur les raisons de ces catastrophes qui se déroulent sous ses yeux" affirma t'elle après le drame.

La mère de la nation sud africaine, Winnie Mandela

Il y a  parmi les plus connues, les plus admirées mais aussi les plus controversées premières dames: Winnie Mandela. L'ex-épouse de Nelson Mandela considérée comme la mère de la nation a marqué les esprits d'abord pour avoir soutenu son mari pendant son long emprisonnement mais aussi pour sa lutte très radicale contre l'apartheid. 
Pendant le très long séjour de Nelson Mandela à la prison de Roben island, elle n'est autorisée à le voir que deux fois par an. Contrairement à ce dernier, elle prend des positions plus agressives envers la minorité blanche. Leurs nombreux points de désaccords et sa supposée infidélité les pousseront aux divorces deux ans après la libération de Mandela en 90 et après 38 ans de mariage.
Dans sa lutte anti-apartheid, ses adversaires lui attribuent le slogan " un boer, une balle" et la soupçonne de cautionner certaines tortures visant les traites noirs collaborant avec l'ennemi blanc. Torture comme le supplice du pneu enflammé autour du cou. Mais c'est après le kidnapping et l'assassinat d'un jeune adolescent de 14 ans Stompie Seipei Moketsi accusé d'espionnage que l'image de Winnie Mandela sera ternie. Son garde du corps et ex-amant l'accusa alors d'avoir commandité le meutre en lui ordonnant de torturer et tuer le jeune garçon membre de l'ANC. Mandela la soutint et elle s'en sortit avec une amende.
En 2003, elle fut de nouveau condamnée pour vols et fraudes à cinq ans de prisons dont 8 mois fermes pour avoir permis à des employés fictifs de la Ligue des femmes de son parti, le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), d'obtenir plus de 120 000 dollars de prêts bancaires. Plaidant non coupable, elle est restée fidèle à elle même, stoïque comme le jour ou Nelson Mandela fut condamnée à perpétuité. 
Mandela libre, Winnie jubile: elle tient l'histoire dans sa main.
"Torturée par l'apartheid et maintenant par notre propre ANC" , "les blancs ont toujours tout" tels furent les slogans scandés par les étudiants de Pretoria venus la soutenir ce jour là.  "

Je ne voterai plus jamais", affirma, l'un d'entre eux. "C'est dégueulasse de voir Winnie aller en prison alors que Wouter Basson, qui a tué des gens au nom de l'apartheid, marche toujours libre dans nos rues...» Le verdict contrastait en effet avec l'acquittement, l'an dernier, du «docteur de la mort». Wouter Basson, qui a mis au point des armes chimiques 
utilisées contre des opposants noirs pendant l'apartheid, continue d'exercer dans un hôpital de Pretoria selon Denisthouret.fr.
A 73 ans, Winnie Mandela a encore fait parlé d'elle en se braquant récemment contre Mandela dans le journal britannique Evening Standard durant un entretien accordé à l'écrivain indien V.S. Naipaul. Elle accuse le héros du peuple sud africain et icône internationale d'avoir abandonné le peuple noir africain désavantagé sur le plan économique. Elle le décrit comme une marionnette grossièrement manipulée pour collecter de l'argent à travers le monde comme "une grande entreprise". Elle ne tolère pas ses positions trop soumises et pacifiques à son gout vis à vis des blancs et lui pardonne encore moins pour avoir accepter de partager son prix Nobel de la paix avec le dernier président blanc sous l'apartheid Frederik de Klerk. Enfin elle rejette l'accord  qu'il a donné à Desmund Tutu afin de créer le fameux Comité de la vérité et de la réconcilation. Ce comité qui l'a aussi mis en cause pour violations des droits de l'homme en 1997. La crédibilité, le succès et la respectabilité de Winnie Mandela restent intacts dans les townships sud-africains et dans le coeur de nombreux partisans de la lutte noire.
Graca Machel et Winnie Mandela, l'actuelle et l'ex femme de Mandela.
L'entente féminine immortalisée. 
Enfin, il y a des premières dames à la personnalité et au parcours digne de ce nom. Graça Simbine Machel Mandela, veuve de l'ancien président du Mozambique Samora Machel- mort dans un accident d'avion en 1986- et actuelle épouse de Nelson Mandela est une militante Mozambicaine des droits de la femme, de l'homme et de l'enfant, également présidente d'une fondation à but non lucratif pour le développement communautaire.
Institutrice et ancienne ministre de l'éducation et de la culture, elle se démarque par ses actions concrètes dans son pays et à l'échelle continentale. Elle a par exemple activement contribuer à faire reculer l'analphabétisme dans son pays. Très présente dans les instances internationales  (Unesco, Onu), cette ambassadrice de l'unicef est engagée sur plusieurs fronts: sauver les " enfants soldats ", défendre les droits des femmes et des enfants, accorder des subventions à des organisations de la société civile pour rapprocher les communautés, améliorer la justice sociale et économique, aider à la reconstruction et au développement du Mozambique, valoriser les cultures africaines.
Graca Michel et son amoureux, un certain...Mandela.
 Sa volonté est de promouvoir l'éducation afin de construire une paix durable. Loin d'être une facade de première dame, les résultats de son travail sont saluées de la mozambique à l'Afrique du Sud mais aussi sur un plan international. Elle est très attachée à la réconciliation nationale et déterminée à découvrir la vérité sur l’accident d’avion qui coûta la vie de son défunt mari, en 1986.

Autre figure de proue en Afrique, Mariam Sankara, veuve de l'ancien chef d'état burkinabè a effectué en fin 2007 un retour triomphale mais provisoire sur la terre des hommes intègres, 20 ans après l'assassinat de Thomas Sankara. Elle vit depuis en France avec des deux enfants. Ce retour était sous le signe du recueillement et du témoignage.
Mariam Sankara, de retour au Burkina pour le 20eme
anniversaire de la mort de Sankara.
"Thomas a su montrer à son peuple qu'il pouvait devenir digne et fier avec de la volonté, du courage, de la probité et du travail. Il a permis à son pays de rompre avec l'ordre colonial. Ce qui reste avant tout de mon mari, c'est son intégrité. Je pense aussi à tout ce qu'il a fait pour l'émancipation de la femme. Et puis, je retiens cette phrase, quand il a démissionné du gouvernement Saye Zerbo : « Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple ! » confie t-elle dans jeune afrique. A l'image de la veuve de Lumumba, Mariam Sankara reconnait à son défunt mari une certaine naïveté dans la confiance qu'il accordait à son entourage direct. Notamment Blaise Compaoré son grand ami dont tout le monde se méfiait et qu'il défendait: « Non, ce que nous partageons est plus important. » 
L'engouement autour de son mari, son parcours et ses actions la marquent toujours autant: "Je ne savais pas quand j'ai épousé Thomas, en 1979, qu'il aurait ce destin. À l'époque, il était lieutenant. Il ne pouvait pas faire ouvertement de la politique. Mais quand j'ai commencé à le fréquenter, j'ai compris qu'il en était passionné, qu'il voyait beaucoup de syndicalistes et d'étudiants. J'étais alors étudiante, et j'avais une tout autre idée des militaires. Pour moi, c'était la répression. Donc j'hésitais. Mais un de mes camarades m'a dit : « Ah non, celui-ci, c'est un militaire pas comme les autres ! » Et, avec le temps, j'ai appris à le connaître. J'aimais bien ses idées. D'ailleurs, quand il le pouvait, il ne portait pas son uniforme. En tout cas, pas avec moi."

Mariam Sankara, le combat continue...
 Elle s'estime heureuse que le sankarisme reste un modèle de société et que beaucoup de burkinabè regrettent encore Sankara, restant convaincu que les choses auraient été meilleures s'il avait été encore là. Pour elle, il y a plus de "démocrature" actuellement au Burkina que de démocratie. L'ex-première dame s'insurge également que la mémoire de son époux ne soit toujours pas réhabilitée tout comme les conditions de la mort de son mari sont restées mystérieusement non élucidées et ceci, malgré ses nombreuses requêtes. 

Selon Mariam Sankara, que ce soit Blaise Compaoré ou non qui ait donné l'odre d'assassiner Thomas Sankara, il en a pleinement profité. Elle ajoute en substance toujours dans jeune afrique que "Si Blaise veut se déculpabiliser, il n'a qu'à permettre l'instruction ! On a parlé de la Côte d'Ivoire, mais aussi de la France. C'est vrai que Thomas dérangeait. Notamment Houphouët. Et je me dis que c'est bien possible (qu'il ait trempé dans le complot). J'attends l'enquête". Dans tous les cas, elle reste persuadé qu'il y avait une volonté claire de l'éliminer: "Ils voulaient le tuer, parce qu'ils pouvaient se contenter de l'arrêter à tout moment et partout, même chez lui."..." ceux qui l'ont tué sont arrivés jusqu'à lui, cela veut dire qu'ils avaient accès partout. Ils pouvaient donc l'arrêter. Et c'est pourquoi je me révolte. Je n'accepte pas sa mort. "
Pour Mariam Sankara, faire le deuil de son mari est presque impossible à ce jour. Son corps ne lui a jamais été remis.

Commentaires

  1. Belle description historique de la culture et de la vie politique de certains de nos dirigeants qui avaient tantôt donné de l'espoir aux peuples africains tandis que d'autres, continuent à noyer le pauvre continent.
    Grâce à ce blog, je découvre des choses intéressantes mais aussi des souvenirs. Je dois dire que le film "Yaaba" de Ouédraogo a été une vraie réussite car je l'avais vu il y a très longtemps et il dépeint une vraie réalité malheureusement qui continue à exister dans certains villages très reculés.

    Merci L'Afrikrâneuse.

    Hadji

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire